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Somnifères et tranquillisants

Vue d'ensemble

Les somnifères et tranquillisants de type benzodiazépinique tiennent une place particulière parmi les substances psychoactives, étant donné qu'ils sont d'abord des médicaments avec des champs d'indication incontestés, mais que ces substances peuvent être détournées de leur fonction médicale et devenir des drogues dont l'usage devient problématique. Il est en effet reconnu que, lors d'un usage prolongé, ces substances entraînent généralement une tolérance de l'organisme et une dépendance physique caractérisée par l'apparition de symptômes de sevrage dès que l'usage est interrompu. L'usage prolongé comporte en outre des risques de nature diverse concernant notamment le fonctionnement de la mémoire et de la coordination psychomotrice (Lader, 2011).

Situation actuelle

Utilisation de somnifères et tranquillisants dans la population résidente en Suisse
Les données de l'enquête CoRolAR 2016 indiquent que 7.4% des personnes de 15 ans et plus interrogés avaient pris des somnifères et/ou tranquillisants au cours des 30 jours précédant l'enquête, les femmes (9.5%) étant nettement plus nombreuses que les hommes (5.3%). Sur l'ensemble de la population, la proportion d'usagers (au cours des 30 derniers jours) augmente fortement avec l'âge: alors que 1.8% des 15-19 ans ont déclaré prendre de telles substances, 18.4% des personnes de 75 ans et plus sont concernées.

Seuil d'usage problématique
L'usage de somnifères et tranquillisants de type benzodiazépinique peut être considéré comme problématique dans le cadre d'une consommation quotidienne et de longue durée (dès plusieurs mois). Les données de l'enquête CoRolAR 2016 indiquent ainsi que, parmi les personnes ayant pris des somnifères et/ou tranquillisants au cours des 30 derniers jours, un peu moins de la moitié disent en faire un usage quasi quotidien depuis plus d'une année (voir figure ci-dessous: CoRolAR - Fréquence et durée d'usage de somnifères et tranquillisants, par sexe et âge (2016)). Extrapolé à l'ensemble de la population suisse de 15 ans et plus, cette estimation du nombre de personnes présentant un usage problématique représente environ 200'000 personnes (131'000 femmes et 69'0000 hommes). L'analyse par groupes d'âge montre que la proportion d'usagers problématiques augmente avec l'âge.

CoRolAR - Fréquence et durée d'usage de somnifères et tranquillisants, par sexe et âge (2016)

Notes:Questions: "Au cours des 30 derniers jours, avez-vous pris des somnifères ou tranquillisants?" et, si oui: "Au cours des 30 derniers jours, combien y a-t-il eu de jours pendant lesquels vous avez pris des somnifères ou tranquillisants?" et, si tous les jours (ou presque): "Depuis combien de temps prenez-vous tous les jours (ou presque) des somnifères ou tranquillisants?"
Pourcentages calculés sur la base du n pondéré, par rapport à la population totale.
Source:Propres calculs sur la base de l'enquête CoRolAR 2016.

En outre, les résultats de l'enquête CoRolAR 2016 montrent que la proportion d'usagers problématiques (usage quotidien depuis plus d'une année) était plus élevé en Suisse romande (3.4% de la population totale) et italienne (4.1%) qu'en Suisse alémanique (2.4%; Tableau). De manière uniforme entre les régions linguistiques, on constate que l'usage de somnifères et tranquillisants augmente fortement avec l'âge et qu'environ la moitié des usagers au cours des 30 derniers jours présentent une utilisation problématique.

En ce qui concerne l'usage détourné de somnifères et/ou tranquillisants par les jeunes, les résultats de l'enquête HBSC 2018 indiquent qu'environ 4% des jeunes de 15 ans ont déjà pris des médicaments au cours de leur vie dans le but de se droguer.

Evolution et tendances

Tendances générales de consommation
La part d'usagers de somnifères ou tranquillisants semble avoir peu évolué au cours des dernières années en Suisse. La proportion d'usagers quotidiens estimée par l'enquête suisse sur la santé est restée relativement stable de la population totale entre 1992 et 2017. Toutefois, les données de l'enquête suisse sur la santé ne permettent pas de définir un seuil d'usage problématique basé sur la durée et la fréquence d'utilisation. Il n'est ainsi pas possible d'estimer l'évolution de l'usage problématique de somnifères et tranquillisants.

De manière similaire, les chiffres de ventes sont relativement stables depuis une quinzaine d'années (environ 7 millions d'emballages vendus annuellement). Il n'existe pour le moment pas de données permettant d'estimer l'évolution des achats de médicaments sur Internet. Néanmoins, les résultats de l'enquête CoRolAR 2012 suggèrent que le phénomène est limité : moins de 1 utilisateur sur 1000 (0.1%) déclare avoir utilisé Internet comme source d'approvisionnement.

Indicateurs des conséquences problématiques

Bien qu'il s'agisse dans une large mesure d'une utilisation sous prescription médicale, l'usage de somnifères et/ou tranquillisants à long terme implique généralement le développement d'une dépendance et est accompagné d'effets non désirables variés comme des problèmes de coordination, de mémoire et d'attention (Lader, 2011). Pour les personnes âgées, ces effets augmentent sensiblement le risque de chutes et de fractures (Cumming & Le Couteur, 2003). Cependant, l'ampleur des dommages liés à l'usage prolongé de benzodiazépines est difficile à estimer, d'autant plus que leur implication n'est pas toujours perçue.

Hospitalisations
Dans le cadre des données de la Statistiques médicale des hôpitaux, on constate que la dépendance aux somnifères et/ou tranquillisants est plus fréquemment diagnostiqué que les intoxications, particulièrement en tant que diagnostic secondaire (taux de 65.4 cas de diagnostics secondaires de dépendance pour 100'000 habitants en 2008; 9.9 cas de diagnostics secondaires d'intoxication). Par ailleurs, les taux de diagnostics d'intoxication ont tendance à baisser au fil des ans, alors que les taux de diagnostics de dépendance sont globalement stables.

Domaine du traitement spécialisé
Dans le cadre du monitorage act-info, il est estimé que les médicaments psychotropes constituent le problème principal d'environ 1% des personnes prises en charge pour un problème de dépendance dans un centre de consultation ou une institution résidentielle spécialisée. Ces substances constituent un problème secondaire pour environ 10% des personnes entrant en traitement.

Accidents de la circulation
En dépit d'une stagnation de la prévalence d'utilisation, des chiffres de vente et du taux de diagnostics de dépendance, l'usage de ce type de médicaments semble engendrer un nombre croissant de problèmes. Ainsi, le nombre d'accidents de la route avec influence présumée de médicaments a approximativement doublé au cours des 20 dernières années.

Mortalité
Le nombre de décès dus à l'abus de médicaments a sensiblement augmenté entre 1995 et 2008 (respectivement 127 et 312 cas). Le recours accru au suicide assisté semble cependant contribuer à ce développement, ce qui a contraint à exclure ces cas de la statistique dès 2009. Depuis, le nombre de décès varie entre 39 (en 2012) et 65 cas (en 2010).

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